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Légendes des Terres Ensoleillées
8 novembre 2012

Conte d'Erebia - Episode 7

En entrant dans le bureau sombre où un unique chandelier avait été allumé, Caeda crut entrevoir une lueur de pitié briller dans les yeux du seigneur Mero.

- Oui… L’Attente a bien changé depuis le temps où tu habitais ce palais… Même pour les Aristocrates… chuchota presque le Pair du Cercle Intérieur.

Relevant le nez des parchemins qu’il était en train de lire, il se désola devant la figure amaigrie de la femme qui lui faisait face. Le teint de cette dernière avait remarquablement pâli et ses yeux gonflés et rouges témoignaient de sa détresse intérieure.

- Assieds-toi là, lui intima-t-il gentiment. Vous autres, ordonna-t-il aux gardes, veuillez apporter du vin et des fruits, les meilleurs que vous trouverez s’il vous plaît. »

Le seigneur resta encore un moment droit sur son fauteuil, les deux mains en clocher devant lui, à contempler la captive d’un air pensif. La prisonnière demeurait prostrée, fixant le sol et paraissait entièrement détachée du monde extérieur, comme s'il lui indifférait totalement d'être ici ou ailleurs. Avec un long soupir, le seigneur finit par se lever, alla chercher une chaise dans un coin de la pièce, et vint la déposer sans un bruit à côté de Caeda, qui sentit se répandre tout autour d’elle une odeur de glace. Il s’assit et s’accouda sur le bois précieux du bureau.

- Qu’étaient-ils pour toi ? s’enquit-il sans la regarder.

- Pardon ? fit-elle d’un ton vaseux comme au réveil d’une trop longue nuit.

- Qu’étaient-ils pour toi tous ces…tous ces…gens chez qui tu t’es cachée pendant cinq ans ? répéta-t-il doucement.

- C’était ma seule famille…articula Caeda d’une voix faible et sans âme. C’étaient les miens. Ce sont eux qui m’ont redonné la force de rire quand je croyais que j’en n’avais même plus assez pour vivre…

- Comment as-tu pu les tromper sur ton identité ?

- Je n’ai trompé personne… Car personne ne m’a posé de questions. Quand ils avaient affaire à un être profondément détruit, les chasseurs savaient le reconnaître et ne pas l’interroger sur son passé. Parmi eux chacun était libre de se reconstruire à nouveau, de refaire sa vie en plus simple…et en meilleur. Tout cela se basait sur la confiance sans borne que nous avions les uns envers les autres. C’est à cette seule condition que notre communauté maintenait sa cohésion…

Soudain, Caeda se tut par peur d’en dire trop, se souvenant à qui elle adressait la parole. Avec une certaine frayeur, elle regarda le seigneur Mero se remettre immédiatement debout et la contempler de haut, un éclat de colère terrible dans les yeux.

- Et c’est donc ainsi que tu as pu oublier ton crime sans expiation ! Tu t’es soustraite à la Justice de ta nation pour te cacher parmi les hors-la-loi et y goûter le repos coupable des pécheurs qui attendent le jugement inexorable du Ciel ! Sois maudite pour tes fautes ! Tu me dégoûte profondément… Soldats ! gronda-t-il aux hommes qui entraient dans la pièce les bras chargés de victuailles. Posez cela et ôtez-moi ce monstre de mon champ de vision.

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Légendes des Terres Ensoleillées
  • Tandis que la tempête fait rage au dehors, un feu de bois danse dans la cheminée. La voix de la conteuse s'élève au milieu de la famille assemblée en cercle autour de l'âtre. Doucement, toutes les âmes sont emportées dans les Terres Ensoleillées...
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