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Légendes des Terres Ensoleillées
8 novembre 2012

Méandres et Scolopendres

Carte3sepia

Après son dernier mot, Erebia parut se détendre et marqua une pause. Ceci dura à peu près deux secondes et demi, le temps qu'elle s'aperçoive que Rubyssa endormie était en train de baver sur le morceau de parchemin calligraphié qui de toute évidence lui servait d'oreiller.

Immonde vermisseau !

Erebia avait beau être Seigneur des Ténèbres, il fallait plus que le hurlement désincarné d'une noblesse immortelle pour tirer Rubyssa des limbes du sommeil... Balvah en revanche fit un tel bond qu'il en oublia de serrer la main autour des insectes qu'il avait ramassé toute la journée. Ces derniers s'élevèrent en une pluie gracieuse qui termina en projection d'étincelles quand la démone du feu, réveillée brutalement par les pincements aux pieds que Laorinn avait pris soin de lui prodiguer, se mis sur son séant en projetant feux et flammes alentours.

Erebia, le bord de sa cape un peu fumant, tourna vers le groupe un regard peu amène.

Pendant que je suis occupée à répandre le mal et la mort, vous jouez à m'inventer des doubles monstrueux ! J'ai été servie par des générations de larbins débiles, mais je crois qu'avec vous on atteint des tréfonds insoupçonnés ! Alors répondez-moi ! Lequel d'entre vous a écrit ça ?

D'un geste accusateur, la noire créature souleva le parchemin baveux et l'agita juste sous votre nez.

C'est que... Euh... Seigneur, commença Laorinn.

QUI A FAIT CA ?

Erebia tourna sévèrement son masque d'ombre vers Rubyssa qui parut se liquéfier sur place, malgré sa détestation avérée pour l'eau sous toutes ses formes.

ALORS ? J'ATTENDS !

Rubyssa était devenue une flaque, au sens propre du terme (alors que Rubyssa déteste aussi la propreté, mais c'est une autre histoire). Elle eut donc beaucoup de mal à lever vers Erebia un doigt tremblotant.

Quoi ? Moi ? Pourquoi me montres-tu du doigt ? s'emporta la forme encapuchonnée.

M...Maî...Maître... interrompit Laorinn en se retenant à grand peine d'avaler sa langue.

Apercevant les yeux terrifiés de la faucheuse, Erebia s'aperçut que Laorinn ne la regardait pas elle, mais un point juste derrière. Elle se retourna doucement...

SALUTATIONS ! Cela faisait BIIIEN longtemps... cliqueta la voix de la créature violette.

Puis la forme disparut tout aussi discrètement qu'elle était apparue, sans crier gare. La capuche d'Erebia se baissa légèrement, et personne ne put lui adresser un mot de la soirée... Enfin si, on pouvait lui dire quelque chose, mais cela avait bizarrement tendance à faire tomber des arbres sur votre chemin, ou à faire apparaître des trous sous vos pieds... Le groupe choisit donc de se taire.

Ce ne fut que lorsque tout le monde fut confortablement installé autour d'une flambée de scolopendres en brochette (c'est tout ce que vous aviez trouvé à manger dans ce territoire désolé), qu'Erebia reprit la parole d'une voix d'outre-tombe... Mais à votre grande surprise, elle n'évoqua pas son étrange collègue violet qui vous avait causé tant de frayeurs. Au lieu de cela, ce fut l'histoire de Caeda qui se tissa de nouveau dans la nuit, au rythme lent des tourbillons de fumée que les braises envoyaient aux étoiles.

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Légendes des Terres Ensoleillées
  • Tandis que la tempête fait rage au dehors, un feu de bois danse dans la cheminée. La voix de la conteuse s'élève au milieu de la famille assemblée en cercle autour de l'âtre. Doucement, toutes les âmes sont emportées dans les Terres Ensoleillées...
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