Où Erebia est une véritable tête à claques

1 décembre 2012

Mot de passe ?

C'était la deux-cent cinquante-deuxième fois que la porte le répétait. Laorinn re-re-re tenta sa chance.

Pinte de bière !

Mot de passe incorrect. Mot de passe ?

Saleté ! Va mourir stupide planche de bois !

Mot de ...

Erebia, je vais mettre ta tête sur ma cheminée, et je boirais ton sang un petit peu chaque jour !

Mot de passe validée. Entrée autorisée.

Les deux battants de la porte s'ouvrirent en grand, sur une pièce circulaire au sol lisse et noir. Trois personnages s'avancèrent vers le groupe, dont les yeux n'étaient pas encore habitués à l'obscurité. Deux mort-vivants, décrépis, habillés de tuniques usées, qui devaient être colorées à l'origine, pointaient vers Laorinn (entrée la première) des bâtons de fer aux extrémités incandescentes, tout en maintenant de leur autre main un sortilège, sous forme de boule argenté. Des liches.

La dernière silhouette était plus familière. C'était Erebia, dans toute la majesté que lui offrait son statut de seigneur des Ténèbres. Elle était toujours vêtue d'une longue toge noire, mais celle-ci différait largement de son habituel habit. Plus ample, d'un noir plus profond, moins miteux. Avec des ourlets dorés, aux glyphes indéchiffrables, qui ornaient le bas de sa tunique, ses manches, et le rebord de sa capuche. Erebia avait aussi comme épaulette un crâne non-identifié, aux dents longues et aux orbites creuses, attaché par de fines chaînes de métal.

Mais le plus impressionnant était encore qu'Erebia (vous chuchota Rubyssa), lorsqu'elle était chez elle, pouvait tout modifier à son gré, d'une simple pensée. La couleur de la lumière, sa provenance, l'odeur de l'air (aujourd'hui, fragrance de cadavre), son humidité ... tout ! Car c'était son Antre, bâtie de ses mains (surtout de celles de ses larbins en fait).

Pour vous accueillir dans son repaire, Erebia avait choisi un effet assez spécial. Toute l'atmosphère qui l'entourait était légèrement trouble, et dessinait de sombres flammes, qui n'avaient pas l'air de beaucoup réchauffer.

Je savais que vous trouveriez le mot de passe. Même si vous deviez prononcer chaque mot dans chaque langue différente. Calmez-vous mes liches. Ils ne sont pas à manger ... tant qu'ils feront leur travail. Au boulot ! Il faut récurer les douves, touiller les bassins de lave, laver le sol d'obsidienne, lustrer mon Trône, préparer à manger, réparer le nichoir à rapaces, remplir les carquois de flèches, faire chauffer l'huile bouillante, ranger la bibliothèque, chasser les rats, illuminer la salle du banquet, limer mes ongles, repriser ma toge, dépoussiérer les tapisseries, balayer la cendre des cheminées, aiguiser les épées, crier sur les larbins oisifs ... et je pense que je m'arrêtrais là pour ce soir. Retrouvons-nous demain pour vos nouvelles instructions.