Petit oubli ...

On vous secoua violemment par les épaules, le temps que vous ouvriez les yeux, et fassiez la mise au point sur une fille vêtue de fourrures, une inquiétante faux dans le dos, et une longue tresse un peu défaite sur l'épaule droite. Enfin, vous retrouvez son nom. Laorinn. La folle alcoolique qui vous traîne depuis le début avec Rubyssa, démone impulsive, et Erebia, la non moins inquiétante conteur/conteuse.

Et ben, t'as la tête de quelqu'un qu'a pas encore cuvé ! J'étais certaine que quelqu'un puisait dans mes réserves ... Bon allez, debout, en vitesse, tu vas pas rester sur cette pierre glacée.

Effectivement, vous étiez à moitié couché sur un rocher, dans la clairière du cromlech scintillant. Le feu de camp était éteint depuis longtemps, et aucune trace des deux autres êtres.

Bon, je t'exlique la situation. Erebia en avait marre du climat glacial -comment si elle ressentait quelque chose !- et nous a fait plier bagage, direction la ville la plus proche. Arrivées là-bas, on a remarqué que ... il manquait quelqu'un. Toi. Alors bon, Erebia a commencé à fulminer, et à lancer des regards-de-la-mort-qui-tue un peu partout, au grand dam des villageois, qui ont vu leur population ... réduire un peu. Et j'ai été obligée, contre mon gré ! de retourner te chercher. Alors maintenant, tu te dépêche, et tu me colle à la semelle des bottes, sinon, je risque de m'énerver moi aussi. Et il y aura de la décapitation au programme.

Ceci dit, vous avez obéit. Laorinn est repartie en courant, comme si elle avait le diable aux trousses. Heureusement, la course poursuite dans la neige et sous la neige, ne dura pas longtemps. A peine quelques heures. Et une petite ville s'étallait sous le promontoire rocheux où vous vous trouviez, en compagnie de la faucheuse. Elle était en tous points semblable à Lakhor, avec ses étages et mes murs en pierres, ses maisons bien charpentées et enveloppées de la fumée des cheminées. Et au centre du village, une bâtisse plus importante que les autres attirait l'attention.

Notre destination, l'auberge de la sardine étriquée ! Je t'avoue que leurs repas ne sont pas fameux, mais leurs bières ..

Elle leva son index pour souligner sa phrase laissée en suspension.

Un régal. Bref, en route, Erebia va nous assassiner sinon. Et je n'ai pas envie de servir à améliorer l'ordinaire des réserves des cuisines.

Descendre de votre perchoir fut plus long que ce que vous pensiez. La neige était collante et glissante, et le terrain fortement pentu n'arrangeait rien. Laorinn était déjà en bas, et vous attendait, d'un air mécontent. Finalement,  après vous avoir ordonné plusieurs fois de vous "hâter", dit de plusieurs manières, elle dégaina sa faux, et donna un coup sauvage à un endroit enneigé. Un bruit sourd se fit entendre, reprit plusieurs fois. Ce n'était pas de l'écho. Des plaques à vent cédaient sous vos pas, et plus haut, une petite avalanche se déclencha. Emporté, vous arrivâtes en bas, trempé et glacé.

Ben quoi ? Ce n'est pas bon de rester dans les montagnes quand la nuit tombe, et le crépuscule approche dangereusement. Tu es arrivé en bas, en un seul morceau. Que demander de plus ?

Et elle tourna les talons pour se diriger vers l'auberge.