Le cromlech scintillant

S'étant enfin mises d'accord, les deux filles avançaient côté à côte, guettant les ténèbres qui vous entouraient. La forêt de séquoias géants ne laissait filtrer que quelques rayons lumineux, alors que le soleil se trouvait à son zénith. Vous aviez enfin quitté le paysage gelé des alentours de l'antre du dragon, et traversé plusieurs autres amas d'arbres, pour arriver auprès de ces troncs immenses qui montaient, droits et froids, vers le ciel. Le sol, complètement acidifié par les résineux, était recouvert d'aiguilles sèches. Seule la mousse réussissait à survivre dans cet endroit hostile. Ce n'est qu'à la nuit tombée que vous avez découvert le cromlech scintillant, et comprit l'origine de son nom.

Devant vous était posée par terre, au milieu d'une clairière, une immense pierre plate, d'un diamètre d'environ six mètres. Elle était décorée d'un trait de peinture qui s'illuminait à la lueur de la lune. Le trait faisait le tour de la pierre puis partait en spirale vers l'intérieur, puis s'arrêter au centre exact du rond. Disposées tout autour, des pierres taillées à l'image des menhirs encerclait le lieu. Elles étaient aussi  couverte de la même peinture réfléchissante, qui traçait des visages énigmatiques et des glyphes incompréhensibles.

Bon ! Vous venez m'aider à monter le camp ou vous continuez de rêver, la bouche grande ouverte ? A la bonne heure ... occupez-vous de faire du feu avec Rubyssa, moi je vais chercher de quoi ... manger.

Une petite heure plus tard, la faucheuse était de retour, avec comme gibier un cerf proprement ... décapité. Rapidement, elle l'a vidé et coupé en tranches, et l'a fait cuire. Alors que vous étiez en plein repas, que Laorinn taquinait la pyromancienne avec les bois du noble animal, une ombre s'est approchée, menaçante. Mais ça n'était, une fois de plus, qu'Erebia, qui avait encore l'air de fulminer. Elle marcha rapidement jusqu'à votre campement de fortune, puis se posa lourdement sur un arbre déraciné.

J'ose espérer que vos pérégrinations inutiles et sans intérêt ont trouvé leur fin ici. Comment voulez-vous que j'honnore mon pacte si votre bande de crétins tridimmensionnels ne peut pas rester quelques jours au même endroit ? Alors toi (elle vous pointa du doigt), tu vas m'écouter très attentivement pendant que je conte. Et au fait Rubyssa, j'ai un sceau d'eau, et je n'hésiterai pas à m'en servir, alors, ouvre grand tes oreilles.

Et pendant que Laorinn se moquait d'une façon assez peu discrète, Erebia ajouta, sans état d'âme :

En ce qui te concerne Laorinn, je t'ai subtilisé tes bouteilles ... pleines. Ce qui me permet de penser que tu seras, toi aussi, très concentrée sur mon récit.

Après le cri de souffrance à peine humain de Laorinn, la conteuse noire entreprit ce qu'elle savait le mieux faire, conter.