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Légendes des Terres Ensoleillées
7 juillet 2012

Dans l'antre du dragon

Il vous a fallut marcher encore une journée Solaris avant d'atteindre les véritables montagnes, celles qui cohabitent avec les plus hauts nuages, et dont les sommets sont plus pointus que le bout de l'épée la mieux aiguisée. Là-bas, les pierres sont fendues par le gel, les arbres sont translucides et l'herbe s'est changée en cristaux de glace. Heureusement que Laorinn et vous portiez des bottes avec une semelle épaisse, car ces pointes qui jaillissent de la terre vous auraient cruellement blessé. Rubyssa, elle, flotte impunément à quelques centimètres du sol, pieds nus. On pourrait presque voir un halo de flammes transparentes l'entourer, dans l'atmosphère bleutée de la forêt.

L'ascension s'est déroulée sans trop d'accrochages. Rubyssa continuait de grommeler, mais ne pouvait se résoudre à retourner seule vers la cité. Après tout, voir un dragon est si rare qu'il serait bête de renoncer maintenant. Passée une certaine altitude, un escalier de glace serpentait tout autour du pic.

 

Au pied de l'antre du dragon

 

Dépêchez-vous ! Il faut arriver en haut avant que le soleil ne fasse son apparition. Car sinon, jamais nous ne verrons le dragon. Mais non, il n'est pas matinal ! Il suffit de quelques rayons d'aurore pour rendre ces marches plus glissantes qu'une savonnette, alors, activez un peu !

Enfin, éclairés par la seule lueur de la lune gibbeuse, le trio arriva à une immense grotte de givre, dont l'entrée était encadrée de piliers hauts d'une dizaine de mètres chacun, finement décorés. Laorinn tendit, avec une moue désespérée, sa faux vers Rubyssa. Celle-ci soupira légèrement, et appliqua sa main sur l'une des deux lames. Elle devint aussitôt incandescente, et dégageait de la fumée.

L'enchantement restera tant que nous serons dans la grotte. Le mieux, se serait que nous trouvions soit de jeunes dragonnets, soit un très ancien dragon, qui soit plus diplomate qu'amateur de steak tartare.

Laorinn a acquiescé et vous a recommandé de rester derrière et surtout, silencieux. Elle passa sous l'arcade de glace, et s'aventura dans l'antre. Les parois en étaient lisses, comme polies par le passage répété pendant des millénaires d'une bête, immense. La plafond était hérissé de dizaines de pics glacés, qui semblaient tinter au moindre coup de vent. Encastrés dans la glace qui couvrait les murs, des images, des fresques, étaient dessinées, dans une encre bleue qui brillait doucement. C'était principalement des dragons, en plein vol, rasant des villes d'Humains (leur gibier favori), ou construisant des édifices géants, ou usant de magie spectaculaire.

Au fond de cette caverne se dressait un portail d'un bleu électrique, aussi haut que la première salle. Entre ses piliers stylisés, une aura grise était contenue, comme un voile léger. Et derrière, une autre pièce deux fois plus grande que la première, était remplie de pièces d'or, de couronnes, d'épées, d'anneaux, et bijoux, de coupes dorées, d'armures de platine, de casques d'argent, de pierres précieuses et ornée d'une gigantesque statue de dragon, hérissé de pics, à moitié dans la glace, à moitié dans la salle, toutes griffes et dents sorties.

Ses yeux étincelaient comme des saphirs, et tout son corps semblait être sculpté dans un cristal si pur qu'on pouvait voir au travers de lui. Ses deux ailes, couvertes de givre, se dressaient, contre le mur, au dessus de la tête du dragon, et elles semblaient si fines et à la fois si dures qu'il était difficile de savoir quelle était la matière qui les composait. Sa queue, elle aussi couverte de piquants, ondulait aux pieds de la statue. On avait l'impression que c'était un dragon qui avait été figé dans le mur alors qu'il était en pleine attaque.

Colossal ...

Extraordinaire ...

 

Dragon des glaces

 

Soudain, vous avez commis l'irréparable. Un pas de trop. Un "clic" retentit, jurant superbement avec le silence morbide qui régnait dans l'antre, et une mélodie commença à s'élever. Des notes qui se succédèrent, résonnèrent et firent vibrer la caverne tout entière. En haut, les stalactites commençaient à bouger dangereusement. Sur l'injonction de Laorinn, vous vous êtes jeté sur le côté, évitant des pics acérés qui rentrèrent dans le sol jusqu'à la moitié de leur taille. L'armure de plaques d'acier à côté de vous fut transpercée sans plus de difficultés qu'une botte de paille par une fourche. Le déluge de pointes continua, et l'une d'entre elles heurta le museau du dragon, provoquant une multitude de notes aiguës, et se brisa en mille petits éclats tranchants.

Un son, comme celui d'un gong, se fit entendre, et les yeux de la statue brillèrent d'une flamme bleue dangereuse. Comme animée par ses intentions meurtrières, le dragon bougea. En un unique battement de ses grandes ailes, il fit voler en millions de petits cristaux de glace sa prison, et poussa un rugissement grave. Paralysé de terreur, vous fixiez la mort ailée. Puis, vous avez été ramassé par la faucheuse, et jeté sans ménagement contre un mur, loin des chutes de stalactites et de la fureur du dragon. Une seconde plus tard, l'endroit où vous vous trouviez devint bleu, figé dans la glace, le souffle de votre ennemi.

Seules demeuraient, face à face avec l'immense entité gelée, vos deux guides, qui ne mesuraient pas plus du dixième de leur opposant.

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Commentaires
N
Bah, tu t'adresse à la mauvaise personne ...<br /> <br /> Après mon effort de ce soir avec ma plume, je vais avoir besoin d'un repos bien mérité d'un bon petit mois (ma flegme m'empêchant de poursuivre cet effort draconien)
L
Tss, ces corbeaux ... Il faut se les farcir ! C'est tout de même assez ironique que les gardes en noir ne se servent que d'eux ... <br /> <br /> Sinon, merci beaucoup pour tes commentaires élogieux qui satisfont (à peu près) mon immodestie incommensurable. N'arrête surtout pas !
N
Ce dragon est magnifique ! Il paraît qu'il y en a de semblables au delà du Mur. Corbeau fait une telle crise de jalousie qu'il commence à se prendre pour un cracheur de feu ! Ces corbeaux, tous de idiots ...
Légendes des Terres Ensoleillées
  • Tandis que la tempête fait rage au dehors, un feu de bois danse dans la cheminée. La voix de la conteuse s'élève au milieu de la famille assemblée en cercle autour de l'âtre. Doucement, toutes les âmes sont emportées dans les Terres Ensoleillées...
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